2010/08/08

Air de Pipeaux

Lorsque je serai vieille
Et que tu seras vieux
Au jardin qu’ensoleille
L’oeillet capricieux
Nous irons, l’âme en joie
Par les matins jaseux,
Sous la tente de soie
De pommiers en fleurs,
Écouter la cascade
Que le clair rossignol
Module sous l'arcade
Des rameux parasols...
D’y reposer tous deux,
Lorsque tu seras vieux
Et que je serai vieille.

Car notre âme attendrie
Aura su conserver
Sa chère idolâtrie
De l’idéal rêvé.
La clarté des aurores
Qu’on préfère aux midis,
Les couchants tricolores
Des beaux mois attiédis,
Et la douceur exquise
D’enivrer nos regards
À la valse indécise
De tant d’astres épars,
Mon grand chéri,
Ce bonheur achevé
Dans notre âme attendrie
Nous l’aurons conservé…

Et puisqu’un même Rêve
Scellera nos amours,
Avant que ne s’achève
La trame de nos jours
Je veux que dans l’intime
Et coquette maison,
Dans un culte anonyme,
Survive à la cloison
Sous des cadres antiques
Le pieux souvenir
Des heures extatiques.
Ainsi, vers l’avenir,
Parmi le Blé qui lève
Brillera pour toujours
La clarté du grand Rêve
Qui scellera nos amours.


Adapté d’Alphonse Desilet
par Denise


Reférence:

Alphonse Désilets (1880-1956), agronome de profession, a voué un « culte pour nos bonnes gens, leur vie joyeuse et rustique, et la terre où s'exprime leur simple histoire ».
Dans La Brise Du Terroir
by Alphonse Desilets
ISBN 9781175081230 / June 2010